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Suite à la déposition des Trencavel après la
croisade des Albigeois, leurs possessions se trouvèrent dispersées: les
possessions au sud du Tarn furent dévolues aux Montfort établis à Castres,
alors que celles du nord avec Albi l’étaient au comte de Toulouse Raymond
VII, puis à son gendre Alphonse de Poitiers, frère de Saint Louis, avant de
revenir à la couronne. C’est l’évêque d’ Albi qui hérita du titre de vicomte
avec des droits reconnus sur la baronnie de Monestiès, qui incluait alors
Rosières. En 1282, une transaction avec le roi accordait à l’évêque d’Albi
les droits de la haute, moyenne et basse justice de la baronnie de Monestiès.
Ce partage explique que jusqu’en 1792, la rive gauche du Tarn relevait de la
sénéchaussée de Carcassonne, et la rive droite plus Albi, de celle de
Toulouse. On ne connaît pas l’origine du château de Rosières mais, au XIIIe
siècle, un domaine noble existait au lieu-dit "Les Escoulins", et le château
du village devait être la résidence principale du seigneur. La seigneurie
dépendit d’abord de la seigneurie de Monestiès. Au XIVe siècle, le château
émerge un petit peu de l’ombre en apparaissant dans les comptes consulaires
d’Albi. Le château fut fortifié avant le traité de Brétigny (1360) qui donna
le Rouergue au roi d’Angleterre et laissa l'Albigeois au roi de France, car
il dut servir dans la rivalité qui en 1343 opposa les Cadoule aux Monestiès.
En 1381, un routier soi-disant à la solde du comte de Foix, le Pauco de
Lautar, s’installa à Rosières. En fait, ce drôle faisait la guerre pour son
compte et ce fut le comte d’Armagnac, en sa qualité de gouverneur, qui fut
chargé de débarrasser Rosières de ce brigand, ce qu’il fit en 1383, mais
seulement après avoir dû payer une indemnité. Dans son Histoire Générale du
Languedoc, Dom Vaissette indique le passage d’Anglais à Rosières en 1422.
Par la suite, les propriétaires de la seigneurie ne résidèrent que peu à
Rosières et jusqu’au XVIIIe siècle laissèrent le château aux bons soins du
régisseur. L’on sait très peu de chose des éventuels propriétaires
successifs. Un certain Pierre de Salles est dit "seigneur de Rosières" en
1696, même chose pour Claude Bernard en 1719: il s’agissait peut-être de
gens possédant à Rosières des fiefs minuscules. Division de territoire
correspondant à un partage féodal du sol où le propriétaire avait divers
droits qui pouvaient se vendre et s’acheter, la seigneurie n’est pas
toujours en ces contrées à l’histoire souvent troublée une chose facile à
appréhender. Au XVIIIe siècle, la seigneurie était "émiettée" en plusieurs
copropriétaires et le démembrement dura fort longtemps, Rosières connaissant
une foule de coseigneurs. Nous savons aussi qu’en 1617, Pierre de Cas de
Saint-Maurice possédait des fiefs à Rosières depuis la fin du siècle
précédent. Devenus finalement principaux seigneurs à la suite de nombreux
achats et échanges, mais aussi de procès, les Saint-Maurice vendirent
Rosières en 1653 à monsieur de Frézals. En 1745, les Naujac acquirent à leur
tour Rosières. Le château fut particulièrement éprouvé par la Révolution: il
fut en 1789 pillé et incendié et une partie de ses tours fut détruite par
une bande de brigands. En fait, deux traditions orales correspondant
certainement à deux sensibilités politiques s’affrontent et la seconde
tradition locale voudrait que les révolutionnaires aient seulement ripaillé
avec les réserves du château. Malheureusement, la première tradition semble
s’accorder beaucoup mieux avec la disparition à l’époque de la moitié du
château. En tout cas, une chose demeure certaine, c’est que les habitants du
village protégèrent leur seigneur des fureurs jacobines. Comme les trois
fils du châtelain avaient émigré en octobre 1791, le château fut saisi en
1793. Henriette de Naujac, fille du dernier seigneur, racheta Rosières en
1806 et, en 1826, les Naujac purent bénéficier du "Milliard des Émigrés".
Au XIXe siècle, le château alors en très mauvais état fut beaucoup remanié
et ses fossés comblés. Ces derniers ne furent d’ailleurs jamais remplis
d’eau puisque quelques coups de pelle donnés du côté du Cérou auraient suffi
pour les vider. Afin de consolider une demeure déjà éprouvée par l’histoire,
les caves furent au XIXe siècle murées et en partie comblées par des galets.
Aujourd’hui, après tous ces aléas, on peut encore voir la face sud avec les
deux tours épargnées, une partie de la face est ainsi que les traces au sol
des deux ailes disparues. En fait, à la faveur de ce qui existe encore, des
documents d'archives et des traditions, l’on peut reconstituer de manière
assez fidèle ce que devait être le château à la veille de la Révolution. Il
se présentait comme un rectangle régulier sur trois côtés seulement, le
flanc est construit en surplomb du Cérou présentant une façade légèrement
convexe vers l’extérieur. Il était cantonné de quatre tours circulaires de
même section et quatre corps de logis encadraient une première cour munie
d’un puits. Les corps de logis du nord, de l’ouest, du sud puis de l’est
étaient dans cet ordre légèrement plus larges l’un par rapport au précédent.
Au sud de la première cour, un passage ménagé sous la chapelle orientée
située au premier étage menait à une deuxième petite cour triangulaire
également équipée d’un puits. Le rez-de-chaussée conserve au sud-ouest une
très vieille cuisine avec une voûte de pierre en berceau de grande dimension
qui pourrait fort bien être un témoignage du château primitif du XIIe
siècle. Cette pièce conserve également une cheminée flanquée de son four. À
l’angle opposé, au nord-ouest, se trouvait la tour disparue dans l’incendie
de 1789: c’était la plus solidement appareillée dans la mesure où cette
position particulièrement exposée nécessitait une fortification solide. (1)
château de
Rosières 81400 Rosières, propriété privée, ne se visite pas.
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