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Le premier hébergement est attesté en 1378, mais la toponymie (lat. casa,
maison) dénote une implantation antérieure. La construction actuelle incombe
à Philippe Peyraud, fils d'un maire de Poitiers, bourgeois du corps de
ville, conseiller au présidial, premier de la famille à porter le titre de
la seigneurie. Ses descendants conservent le domaine jusqu'en 1814. Le
propriétaire, dont la famille occupe les lieux depuis 1844, a récemment
exhumé la grosse du marché conclu en mai 1648 avec les maîtres maçons
Barthélémy Gilles et André Labbé. Le premier nommé est un véritable
architecte, qui a travaillé sous Jacques Lemercier à Richelieu, mais aussi
aux proches châteaux de Saint-Loup-sur-Thouet et de La Meilleraye, ainsi
qu'au couvent des Filles Notre-Dame de Poitiers. Une avenue bordée d'arbres
s'ouvre sur une belle grille en fer forgé, réalisée vers 1880 par un artisan
de Latillé sur le modèle du XVIIe siècle.
Deux longues ailes de communs à lucarnes passantes délimitent la cour
d'honneur et s'appuient sur le corps de logis; elles sont ponctuées d'un
pavillon à chaque extrémité (celui de l'angle sud-ouest est aménagé en
colombier). La façade, surmontée d'un haut toit à croupes, s'ordonne de part
et d'autre d'un avant-corps au fronton triangulaire interrompu par une
lucarne. Sous la corniche, entre deux consoles, figurait un blason, martelé
à la Révolution. L'animation plastique de cette élévation un peu austère est
confiée à un quadrillage d'une grande sûreté d'effet: des bandeaux lisses
recoupent des chaînes de bossages en harpe montant de fond. La porte s'ouvre
sur un vestibule voûté d'arêtes plates qui donne sur deux volées parallèles
séparées par un passage. D'une belle ampleur, l'escalier monumental est
inspiré de la typologie établie par Pierre Le Muet "dans sa Manière de
bastir pour touttes sortes de personnes en 1623". Un mur de refend permet de
doubler le logis en profondeur. Le contrat de 1648 prévoyait une chapelle et
une distribution en appartements (par exemple, chambre avec antichambre et
cabinet à usage de dégagement). La façade postérieure, plane, très ajourée,
prolongée par des ailes basses plus récentes mais de même style, se
développe avec monumentalité. Les baies rectangulaires, réparties en sept
travées, et les lucarnes, au nombre de trois, sont soulignées de bossages.
Le rapprochement des trois travées médianes, citation discrète de
l'avant-corps, et l'emplacement des lucarnes latérales, surmontant le plein
du mur, équilibrent la composition. Les modifications ultérieures n'ont pas
altéré le parti initial: dépendances subordonnées au bâtiment principal,
enfilade de salons lambrissés, orangerie néo-classique et parc à l'anglaise
descendant jusqu'à l'Auxance. En somme, cet édifice, réalisé pour
l'essentiel pendant la Fronde, associe respect de la tradition (position
centrale de l'escalier) et innovations classiques (jeu des décrochements,
sobriété du décor architectural, hauteur des fenêtres, spécialisation des
pièces). Vers 1860, l'actuel parc à l'anglaise a été créé par un architecte
paysagiste parisien. En 1890 le parc est agrandi. Près du château, côté
jardin, se trouve une pièce d'eau datant de 1895, alimentée par un bélier
hydraulique Bollée. (1)
Éléments protégés MH : le château avec les communs et l'orangerie :
inscription par arrêté du 31 décembre 1985. Le parc du château en totalité,
y compris ses murs de clôture et ses éléments architecturaux décoratifs et
utilitaires (fabriques, conciergerie): inscription par arrêté du 8 novembre
2005.
château de la Chèze 86190 Latillé, tel : 05 49 54 53 18, propriété
privée, visite commentée des extérieurs, du colombier, de la cuisine et du
puits aux journées du patrimoine.
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