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Un petit éperon de confluence, deux ruisseaux dont l'un
fut transformé en étang, de vastes forêts alentour, un gisement de minerai
de fer, un site industriel attesté dès la fin du XVIe siècle, l'esprit
d'entreprise d'un noble éclairé ayant racines et propriétés dans la région,
la nature non dérogeante de cette activité, expliquent la présence de ce
château à la toponymie explicite. La réalisation d'un programme cohérent,
prévoyant communs (880 m²), parc à la française utilisant les ressources du
terrain (vallon où coule la Dive) et logis (550 m²) destiné à la fois au
commanditaire et au maître chargé de l'exploitation des forges, est confiée
par Jean Victor de Rochechouart, quatrième duc de Mortemart, à l'architecte
Robert Penchaud. A charge pour ce bon praticien de renommée provinciale
d'ériger une demeure fonctionnelle et de proportions correctes, alliant
majesté et simplicité. Le piquetage des contours d'un château à la moderne
débute en mai 1764. Cinq ans plus tard est fabriquée sur place la belle
grille, sommée de la couronne ducale. Le logis, de plan rectangulaire, se
présente comme un grand corps central à trois niveaux sous comble aveugle,
accosté de deux pavillons ne comportant qu'un étage de lucarnes (refaites au
XIXe siècle). Les façades sont planes, hormis le léger décrochement de la
travée médiane, substitut d'avant-corps: la baie d'étage est encadrée de
pilastres dont les consoles portent un fronton en plein cintre initialement
timbré des ondes des Mortemart.
La rigueur de la composition est soulignée par le décor architectural: la
partie centrale est revêtue d'un parement, un bandeau court au-dessus du
rez-de-chaussée, des chaînes en harpe scandent les travées, les baies en arc
segmentaire sont inscrites pour la plupart dans un chambranle à crossettes.
Le rez-de-chaussée surélevé tient lieu d'étage noble. Le doublement des
pièces en profondeur par un mur de refend percé de passages dérobés permet
de distinguer les pièces d'apparat, disposées en enfilade et tournées vers
la cour d'honneur, et les appartements privés avec vue sur le parc. Les
cheminées de marbre sont de style Louis XV, mais les belles boiseries
anticipent sur le style Louis XVI. Le premier étage était réservé aux
enfants du duc, le second au maître de forge Robert de Beauchamp.
L'indépendance des logements est assurée par les deux escaliers latéraux,
l'un de service, l'autre d'honneur. Le vestibule qui précède l'escalier
d'honneur mène à la chapelle, aménagée dans le pavillon de droite et
consacrée par l'évêque en novembre 1768. La tribune, d'où le duc et sa
famille suivaient l'office, repose sur de puissantes consoles galbées. Le
garde-corps, aux panneaux entourés de frises à la grecque, est un bel
ouvrage de ferronnerie. Au-dessus de la chapelle est installée la
bibliothèque. Allées de tilleuls, tapis verts, bosquets et canal évoquent le
parc classique projeté. En contrebas de la cour d'honneur, se découvrent une
serre vitrée et un jardin anglais. Cet imposant édifice, quelque peu
académique dans son élévation extérieure mais original dans sa distribution
par niveau (selon le rang du destinataire), atteint une qualité d'exécution
d'autant plus remarquable que les grands chantiers ne sont pas si nombreux
dans le Poitou du XVIIIe siècle. (1)
Éléments protégés MH : le château avec ses deux pavillons ; les communs et
la fuye ; les deux grilles d'entrée ; les murs de clôture du domaine et la
cour d'honneur : classement par arrêté du 20 décembre 1991.
château de la Forge 86410 Lhommaizé, tél. 05 49 42 70 01, ouvert au public
en juillet et août. Visites guidées tous les jours de 10h à 12h et de 14h 30
à 18h.
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