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Les siècles ont coulé mais la demeure rustique et fière est restée. Elle
maintient ici la présence d'un passé qui a résisté aux bouleversements du
paysage. Elle a perdu la plupart de ses bâtiments qui faisaient autrefois,
de ce manoir, le siège d'une exploitation agricole autonome où l'on achetait
au dehors seulement le fer et le sel. Le logis seul est resté, bâti sur le
rocher sa tourelle d'escalier offre à son sommet non plus un poste de guet
mais le plaisir de contempler un vaste panorama qui va jusqu'aux Coëvrons.
Le corps de logis d'Aubigné présente une façade surmontée de gâbles aigus
percés de trois lucarnes, en granit gris. De grandes ouvertures apportent la
lumière à l'intérieur où les combles-greniers ont gardé une belle
poutraison. Il a été remanié après la guerre de Cent Ans, puis dans le
premier quart du XVIe siècle, par François d'Aubigné, en même temps que la
chapelle (aujourd'hui disparue). Celle-ci se trouvait devant la façade du
logis, au midi et côtoyait un ensemble de bâtiments, vestiges de l'ancien
château. Le pont-levis se trouvait de l'autre côté de la route qui, au XIXe
siècle, a coupé la propriété, mais près de l’ancienne voie qui menait à
Vaiges. Un aveu rendu le 25 août 1663 par messire Louis de Dommaigné,
chevalier seigneur de La Rochehué, époux de dame Françoise d'Urban, fille
aînée de défunt messire d'Urban, chevalier seigneur d'Aubigné et de dame
Ester Denuaux, sa mère, décrit en ces termes Aubigné : "À la châtellenie de
Vaiges-Maison et domaine d'Aubigné, vaste maison seigneuriale d'Aubigné avec
le corps de logis qui tient et joint la chapelle avec les ménageries
(laiterie, volière etc.), écuries et étables du côté de ladite chapelle, et
de l’autre côté la fuye à pigeons, grange et pressoir, et la cour qui est
dans le circuit de ladite maison, le tout entouré de douves et fossés en
eau, avec pont-levis pour entrer dans ladite cour et le jardin étant au bout
de ladite maison du côté de la chapelle enclos partie de douves et autre
partie de murailles avec la motte, le tout en un tenant contenant à
l'estimation de trois journaux de terre ou environ".
Suit l'énumération des fermes et terres qui constituent le domaine. Un aveu
de 1570, précise quant à lui que la chapelle est fondée par François
d'Aubigné, de deux messes par semaine en l'honneur de sainte Anne. Une belle
statue de sainte Anne, en terre cuite vernissée a été conservée à Aubigné
jusqu à aujourd'hui, bien après que la chapelle ait disparu et que le manoir
ait été transformé en ferme. La dévotion à sainte Anne est très vivante dans
le nord de la Mayenne. Françoise d'Urban, héritière d'Aubigné, possédait des
biens à Buleu (commune de Maraillé) où s'élève une chapelle Sainte-Anne, qui
est toujours l'objet d'un pèlerinage. Dans un acte de 1552, il est indiqué
que le seigneur d'Aubigné devait "le vin de Pacques pour les paroissiens
après qu'ils ont été a communiés". Le même seigneur bénéficiait dans
"l'église de Vaiges, d'un banc près la balustrade du côté de l'Évangile et
du droit de faire clore et fermer sa maison d'Aubieny, d'un pont-levis
haussant et baissant, de telle sorte néanmoins que le pays et ses sujets
n'en puissent recevoir aucune incommodité et dommage". On trouve trace des
seigneurs d'Aubigné dès le XIe siècle. Au XVIIe siècle, René d'Urban,
gentilhomme ordinaire du duc de Soissons épouse Esther des Vaux, héritière
d'Aubigné. Louis de Dommaigné, en 1639, épouse Françoise d'Urban. Cet homme
est considéré par Colbert (à l'aube de sa brillante carrière), homme de
confiance du cardinal Mazarin à Mayenne, comme "un des hommes les plus
violents de la province pour y avoir tué trois où quatre hommes". Après lui,
Henri de Dommaigné, en 1685, obtient pour quelque forfait sanglant des
lettres de rémission, ce qui tend à indiquer que la violence suivait les
générations chez les seigneurs d'Aubigné. Au siècle suivant, la terre
d'Aubigné est acquise par messire Mathieu Douart, seigneur de Fleurance,
puis par messire Henri-François de Bian, chevalier seigneur de L'Hommois, le
30 mai 1739, par contrat passé devant des notaires du Châtelet à Paris. Par
la suite et jusqu'en 1855, Aubigné a appartenu à la famille de La
Rochelambert, très implantée dans cette partie du département. Aujourd'hui,
le manoir d'Aubigné, transformé en ferme pendant des décennies, retrouve son
lustre d'antan grâce aux travaux entrepris par ses propriétaires M. et Mme
de Marseul. (1)
Éléments protégés MH : le manoir d'Aubigné en totalité : inscription par
arrêté du 19 décembre 1985.
manoir d’Aubigné 53380 Vaiges, tél. 02 43 90 55 28, visite des extérieurs
du 1er au 31 août tous les jours de 8h à 14h, et en juillet et septembre
tous les dimanches de 8h à 14h.
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