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Dans les textes anciens, ce château se nomme
Laroque del Pont ou Laroche du Pont. La topographie des lieux explique tout
à fait l’appellation de Laroque : le château étant implanté sur le rocher au
bord d’une falaise surplombant le Lot ; le terme Pont est plus
problématique, il peut soit désigner une passerelle qui permettait d’accéder
au rocher fortifié ou bien tout simplement le premier propriétaire des lieux
se nommait Pontius qui était un prénom romain très présent dans la région.
Les sources les plus anciennes nous apprennent que Laroque del Pont
désignait un fief lié à l’église de Cailhac ou Catlhac (aujourd’hui Caillac)
et qui appartenait aux seigneurs de Luzech. Vers 1130, le baron Izarn de
Luzech donna au chapitre de la cathédrale de Cahors l’église de Caillac avec
ses dîmes et son fief. L’évêque Géraud de Cardaillac confirma peu de temps
après la possession de l’église de Caillac par son chapitre. Il est
intéressant de noter qu’à cette même époque les barons de Luzech cédèrent
également au chapitre de Cahors, le village d’Albas (ou du Bas) où fut
édifié un château épiscopal. En 1152, Izarn de Luzech dut conclure un accord
avec Raymond prieur du chapitre, car il s’était permis de se réapproprier
l’église d’Albas : Izarn et son fils durent se soumettre et promettre de ne
plus porter de réclamation pour l’église d’Albas, mais aussi pour celle de
Caillac. En 1254, l’évêque Barthélémy de Roux fit un échange d’églises avec
le chapitre de Cahors : les églises de Montpezat, Millac, Caïx, Espère,
Caillac avec le fief de la Roque-del-Pont furent donner à l’évêque et à ses
successeurs ; le chapitre reçut les églises de Cabanac, Puy-Laroque,
Saint-Urcisse-des-Vaux, Saint-Etienne-des-Soubirou, Saint-Crépin-de-Vers et
Saint-Jacques de Cahors. En 1281, le nouvel évêque Raymond de Cornil fit un
échange avec Gilbert de Jean. Quelques années auparavant Raymond de Cornil,
alors archidiacre de la cathédrale, avait marié un de ses neveux avec une
fille de Gilbert de Jean. Ce dernier proposa donc d’échanger ses domaines de
Niaudon, Lagardelle, quelques autres terres des environs et des rentes de
moulins de Cahors contre le fief de la Roque-del-Pont où se trouve une belle
demeure de plaisance des évêques, sur le Lot avec les dîmes de l’église de
Caillac ainsi que quelques terrains dans les alentours. Raymond de Cornil
signa cet accord, mais en se réservant sur les biens du domaine épiscopal
qu’il aliénait, un hommage et une paire d’éperons d’argent à chaque
changement d’évêque. Cet échange qui se fit au détriment des évêques, fut
contesté par ses successeurs jusqu’au XVIIe siècle. Après Gilbert de Jean,
ce fut Pierre de Cornil qui dut rendre hommage en 1330, à son suzerain
l’évêque Bertrand de Cardaillac, pour Larroque del Pont sur Lot. Mais
Sébélie de Jean hérita de la dîme de l’église de Caillac, elle épousa le
seigneur de Cessac Arnaud Ier de Béraldi ; son descendant Arnaud IV de
Béraldi affecta ce revenu (ainsi que les dîmes de Pradines, Flaynac,
Lacapelle, Rassiel et Cournou) pour fonder le collège Pélegry de Cahors. Les
éléments architecturaux de la demeure des évêques semblent rares : les bases
des murs, avec un pan de mur au sud où l’on peut voir une ancienne baie
géminée aujourd’hui murée ; et un culot de voûte se trouvant au
rez-de-chaussée, sous la salle d’honneur...
Le Château de Laroque del Pont a joué un rôle important au début de la
Guerre de Cent-Ans, il permettait de verrouiller le principal accès à la
ville de Cahors. Pour protéger son domaine seigneurial, l’évêque Bertrand de
Cardaillac et ses vassaux fortifièrent tous les châteaux de Cahors à Duravel,
ce qui permis de sauver la capitale du Quercy. La ville de Cahors était
presque complètement cernée par les Anglais en 1355, en effet ces derniers
avaient réussit à s’emparer de Puy-l’évêque, Castelfranc, Craissac (Crayssac)
ou bien encore du château du Roussillon... Les derniers verrous en aval de
Cahors étaient les châteaux de Laroque et de Cessac. Le sénéchal du Quercy
écrivit une lettre le 6 août 1359 demandant à la garnison du château de
Laroque del Pont de faire bonne garde. La pression fut à son paroxysme en
février 1360 avec la prise de Catus par les Anglais. Le 8 mars 1360 fut
signé le traité de Brétigny par lequel le roi de France cédait certaines
provinces dont le Quercy à Edouard, roi d’Angleterre. Jusqu’à cette époque
la paroisse de Caillac et le château de Laroque del Pont semblent avoir été
épargnés par les affres de la guerre puisqu’en mai 1362 à la suite d’une
sécheresse, les habitants firent des prières publiques et se rendirent en
procession à Cahors. Le conflit repris mais les sources n’évoquent plus le
château de Laroque pour le reste de la Guerre de Cent-Ans. Il ne semble
toutefois pas avoir été pris par les Anglais qui réinvestirent Crayssac en
1384 et 1387, et qui s’emparèrent en 1403 de la presqu’île et du château de
Cessac : en échange de la promesse de 6000 livres, les 400 hommes qui y
campaient n’attaquèrent pas les autres châteaux de la côte du Lot (et en
particulier Laroque) et évacuèrent la place en 1406 au paiement de la somme.
Mais les Anglais revinrent en s’emparant en 1419 des châteaux de Cessac et
de Douelle. Plus d’un millier d’Anglais campèrent dans la presqu’île de
Cessac en 1424, menaçant Cahors et allant ravager une partie du Bas-Quercy.
Pour éviter les sorties des Anglais et afin de protéger Cahors, les moyens
militaires des châteaux voisins furent accrus, peut-être en fut-il ainsi du
château de Laroque mais les textes ne mentionnent que Mercués et Labéraudie.
Après négociation et promesse d’une forte somme d’argent, les Anglais
évacuèrent Cessac et pour éviter toute nouvelle menace, les châteaux de
Douelle et de Cessac furent démolis : les textes ne citent pas celui de
Laroque qui put être restauré par la suite. Certains éléments architecturaux
ou certaines parties du château rappellent cette époque : les fortifications
qui surplombent la falaise avec quatre ouvertures qui permettaient de
surveiller la rivière et les restes de mâchicoulis à l’entrée. Les bases
d’une tour fortifiée dominant le Lot apparaissent également dans le
prolongement sud de ce mur et ont été réemployées pour édifier une grange.
Dans le château à proprement parlé, on remarque à l’Est un bâti de brique
qui s’élève jusqu’au deuxième étage actuel et qui devait correspondre à une
tour. Enfin le puits d’un diamètre exceptionnel de 3,3mètres, a du être
creusé pour permettre à une importante garnison de tenir un éventuel siège.
En 1465, Guisbert d’Anglars devient propriétaire du château de Laroque. Les
d’Anglars sont dits seigneurs d’Anglars (près de Lacapelle-Marival) et de
Salignac, de Cornil et de La Roche du Pont, cette appellation nous laisse
penser qu’ils sont les héritiers d’une branche des Cornil. Jean d’Anglars a
succédé à Guisbert, comme seigneur de la Roque del Pont et d’Anglars, vers
1488. A la mort de Jean d’Anglars, le seigneur de la Roque-del-Pont fut
Annet d’Anglars, son nom est mentionné dans un acte de vente de droits
seigneuriaux qu’il possédait sur la ville de Gramat, vers 1510. Ensuite, on
ne trouve aucune trace de seigneurs habitant le château de Laroque : au
début du XVIIe siècle ce sont les Puniet qui sont seigneurs de Peyrilles,
Laroque Dupont, Grégols, Berganty, Trégoux... Le nom de Jean de Puniet
apparaît dans un accord signé le 29 septembre 1637 avec le syndic des
habitants de Caillac et Crayssac au sujet de l’imposition de la taille. Cet
acte nous apprend également le nom des nouveaux propriétaires, il s’agit de
Françoise de Molinier, veuve et héritière de feu Antoine Gaillard, procureur
au siège présidial de Caors, acquéreur et possesseur de la place de la Roque
Dupont et ses dépendances. Le 9 juillet 1682, Mademoiselle Françoise de
Boissy, qui venait de fonder la Congrégation des demoiselles des écoles
chrétiennes et de la charité, dites Mirepoises, fit l’acquisition du château
de Laroque, afin de le transformer en école pour les jeunes filles. Le
château date pour l’essentiel des XVe et XVIe siècles. La forteresse fut
démantelée et les bâtiments progressivement reconstruits ou réaménagés :
salle d’honneur, cheminées, grandes ouvertures, tour abritant le magnifique
escalier desservant les étages, terre-plein servant de cour dominant le
Lot... On peut observer plusieurs étapes dans la construction : quatre
phases sont visibles sur la façade nord. Au XVIIIe siècle, le domaine fut
réaménagé pour optimiser ses productions agricoles : granges, pigeonnier à
colonnes (aujourd’hui disparu), construction de terrasses à flanc de coteau
pour permettre sans doute l’implantation de jardins...
En avril 1790, la commune de Caillac dressa l’inventaire des biens de l’Eglise
sur son territoire, afin qu’ils soient vendus par la suite comme biens
nationaux. Les Mirepoises durent fermer leur école et quitter le château de
Laroque. La commune tenta de racheter ce domaine, mais faute de crédits
nécessaires, il fut mis aux enchères publiques en septembre 1793 :
l’adjudication du 17 septembre 1793 fit d’un dénommé Blanc le nouveau
propriétaire du château et de l’ensemble des terres composant le domaine de
Laroque. Il faut savoir que la plupart des acheteurs de biens nationaux ne
faisait que spéculer, en espérant vendre plus cher ces mêmes propriétés
quelques années plus tard. Ainsi, Raymond Cournou, cafetier de Cahors
racheta t’il le domaine le 2 mai 1811, puis monsieur Gizard le 23 février
1829. En août 1845, le domaine de Laroque devint la propriété de
Jean-Marie-Gustave Ambert (fils du général Jean-Jacques Ambert de Lagrézette)
qui possédait déjà le château voisin de Lagrézette : il y installa en mars
1856 des Sœurs de la miséricorde pour instruire les filles de la commune de
Caillac. Il semble qu’auparavant il y eut une tentative pour fonder au
château de Laroque, un Hospice dirigé par deux sœurs de Saint-Vincent. Les
finances de M. Ambert l’obligèrent à revendre le domaine le 28 février 1857
à Jean-Baptiste Couzi. Ce dernier en fut propriétaire jusqu’à la vente du 26
juillet 1890 par laquelle Henri Fournié en fit l’acquisition. L’Histoire
locale raconte que M. Fournié, souhaitant vendre son domaine, s’arrêta dans
plusieurs maisons du Mas de Laroque pour proposer son château. Après avoir
essuyé quelques refus, il frappa à la porte de Joachim Lafage qui accepta le
marché et devint ainsi propriétaire du domaine le 16 septembre 1896. Depuis,
le château de Laroque est resté la propriété de cette famille. (1)
château de Larroque 46140 Caillac, propriété privée, ne se visite pas,
visible de l'extérieur uniquement
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