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Le "castellum novum de
petrilense", mentionné entre Servières et Graulhet dans le testament de
Raimon I de Rouergue, a peu de chances de correspondre à Peyrilles et
désigne plus vraisemblablement Castelnau-Peyrales. En fait Peyrilles
n'apparaît dans la documentation qu'à la fin du XIIe siècle. Le castrum de
Peyrilles, de même que ceux de Concorès et de Lavercantière, était tenu en
principe par les Gourdon du chapitre de Cahors, en vertu, croit-on, du
testament de Raimond de Rouergue (961) ou de celui de l'archidiacre
Ingelbert. La suzeraineté de ces places était revendiquée cependant par le
duc d'Aquitaine Richard Coeur-de-Lion qui se fit confirmer ses droits par le
traité de Gaillon (1196). Bertrand de Gourdon ayant refusé de rendre ces
places au duc, elles auraient été prises par la force en 1188. A la suite
d'un partage dont les modalités précises ne sont pas connues (vers 1200), le
castrum, en même temps que ceux de Lavercantière et Concorès, revint à la
branche de Gourdon-Castelnau dont l'origine remonterait à Pons de Gourdon,
marié après 1179 à une des filles de Raimond de Castelnau. Pons de Gourdon
comptait déjà parmi les seigneurs du pays des Vaux en 1166. Cependant, le
prénom Ratier qui sera récurrent chez les descendants de Pons, en alternance
avec Aymeric, laisse penser qu'une part des biens des Gourdon-Castelnau
venait d'une des familles du Bas-Quercy chez lesquelles ce nom était usuel :
des Belfort, des Penne, des Caussade ou des Montclar.
En 1259, Alphonse de Poitiers récupéra l'hommage des seigneurs de Peyrilles,
qui reviendra finalement en 1287 aux chanoines de Cahors qui en étaient les
légitimes suzerains. En 1287, Peyrilles était compris dans ce que l'on
appelait la baronnie de Ratier dont les revenus furent cédés alors au roi
d'Angleterre. Quatre ans plus tard, les Gourdon de Castelnau se divisaient à
leur tour en deux branches, les possessions de l'ancienne baronnie de
Ratier, regroupées autour de Peyrilles, et Lavercantière revenant alors à
son fils Aymeric de Gourdon (1291). Ce partage qui a donné naissance à la
branche des Gourdon-Peyrilles correspond très probablement à la
reconstruction simultanée des châteaux de Peyrilles et de Lavercantière,
dont les tours maîtresses présentent des similitudes significatives. Dans la
seconde moitié du XVe siècle, Peyrilles, qui semble avoir été partagé alors
entre des Gourdon et des Toucheboeuf, est acquis, part après part, par les
Auriole. Lors du dénombrement de 1504, Raymond de Gourdon est encore
coseigneur de Peyrilles, mais Jean d'Auriole, évêque de Montauban, tient
alors dans la paroisse des fiefs avec toutes justices de l'Église de Cahors,
et une maison "presque inhabitable" qui pourrait être le château. Peu après,
l'évêque de Montauban et son frère Aymar seigneur de Peyrilles et conseiller
au parlement de Toulouse, font restaurer le château, abandonné sans doute
dans le courant de la guerre de Cent ans : l'ample tour d'escalier et
l'oratoire appartiennent à cette campagne de travaux. Les d'Auriole vendent
la seigneurie à un de Saux, conseiller à la Cour des aides de Montauban, en
1674, puis elle est acquise en 1720 par Barthélemy Boyer, receveur des
tailles à Paris, dont la fille Elisabeth épouse François de
Clermont-Toucheboeuf en 1723 : c'est à eux qu'il faut sans doute attribuer
la campagne de travaux qui a eu pour résultat de modifier la plupart des
percements et d'améliorer les commodités de la demeure. Le château, qui
appartient toujours aux Clermont-Toucheboeuf, est pillé en 1790. Dans la
seconde moitié du XIXe siècle, il est acheté par la commune et une partie
est affectée au presbytère.
Le château est établi à mi pente, à la naissance de la petite vallée du
ruisseau de Peyrilles. Il s'inscrit dans une enceinte ovalaire, couronnant
le sommet d'un pech conique isolé par un vallon et évoquant la silhouette
d'une motte. Au pied de cette "pseudo motte" s'est implanté un bourg castral
en ordre lâche autour de l'église paroissiale. L'édifice, tel qu'il se
présente aujourd'hui, s'organise en trois travées autour d'une cour exiguë
mais deux travées supplémentaires effondrées semblent manquer au nord et au
sud. Face au village, le front oriental offre une élévation en apparence
homogène dont l'essentiel remonte à l'époque médiévale. De part et d'autre
d'un portail d'entrée en arc brisé, des archères cruciformes assurent la
protection de l'accès. Leurs croisillons évasés et leurs deux étriers
triangulaires, supérieur et inférieur, confirment l'attribution de
l'ensemble aux dernières années du XIIIe siècle, voire au siècle suivant.
Au-dessus, l'élévation était ordonnée par un double cordon mouluré sur
lequel s'arrangeaient des fenêtres, sans doute à réseaux, à en juger par
l'ampleur de leurs embrasures internes. Au centre de cette composition
monumentale, une fenêtre à remplage, repercée au XVIe siècle, signale la
présence de l'oratoire qui assurait une protection sacrée au-dessus de
l'accès. Une importante trace de reprise à la base du front oriental fait
apparaître un tronçon de maçonnerie en moyen appareil, antérieure à celles
dans lesquelles s'insèrent les archères de la fin du XIIIe siècle. Cette
maçonnerie primitive, qui apparaît également à la base des murs de la travée
sud, pourrait appartenir au château de la fin du XIIe siècle dont on suppose
qu'il fut pris par Richard Coeur-de-Lion en 1188.
A l'arrière du portail, un couloir d'accès de 2,50 m de largeur, faisant
office de courette, constitue la travée centrale et distribue des corps de
logis de part et d'autre, la vis d'escalier en occupant l'extrémité ouest.
La travée nord semble correspondre à la grande salle comme invitent à le
supposer les deux grandes fenêtres, sans doute à réseaux, de l'élévation
est, face au village. Surmontant une salle basse ouvrant sur la courette par
une ample porte en arc brisé, la grande salle elle-même a fait l'objet d'une
réfection presque complète vers 1500 qui l'a dotée d'une cheminée
monumentale. Elle était doublée au nord par une seconde travée de logis,
aujourd'hui effondrée, dont ne subsistent que les arrachements. L'oratoire,
établi dans la travée centrale, résulte lui aussi des réfections de la fin
du XVe siècle ou du début du siècle suivant, comme en témoigne sa voûte
d'ogives retombant sur des culots ornés de roses épanouies. Le corps de
logis occupant la travée méridionale, ne semble pas, pour sa part, être
antérieur à l'édification de la tour d'escalier. Ses bases appareillées,
montrent cependant qu'il a remplacé un ancien bâtiment médiéval apparemment
effondré. L'antériorité apparente de ses parements extérieurs incendiés, sur
ceux de la grande salle médiévale, de même que la particularité de ses
chaînes d'angle de brèche sombre, inciteraient à y voir les vestiges du
château primitif attesté à la fin du XIIe siècle. La tour maîtresse se
distingue dans l'économie d'ensemble du château par son implantation biaise,
affirmant, en principe, son indépendance, voire son antériorité. Ses
caractères architecturaux ne permettent guère cependant de la faire remonter
au-delà du dernier tiers du XIIIe siècle. De plan carré (8,40 m de côté),
elle est aujourd'hui tronquée au-dessus de son premier étage et n'atteint
plus que 13 m de hauteur environ. (1)
château de Peyrilles 46310 Peyrilles, propriété de la commune, tel. 05 65 31
01 04, une fête médiévale est organisée tous les ans dans le bourg...
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