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Mézens est dans le département l’un des plus beaux témoignages d’une
magnifique demeure seigneuriale du Moyen Âge, remarquablement conservée. Le
château fut fondé au milieu du XIIIe siècle par Pilfort de Rabastens, alors
vassal du comte de Toulouse, avant de devenir vassal de la couronne. Mézens
était une dépendance de Rabastens à qui appartenait d’ailleurs la justice.
Ce n’est qu’à la fin du XIVe siècle que Mézens fut détaché de Rabastens, du
temps de Pierre-Ramon III, mort en 1377, qui par deux unions laissa
plusieurs enfants alliés aux familles de Lescure, de Cardaillac de Mauléon
et de Panassac. La limite du pays Toulousain et de l’Aïbigeoïs était marquée
par le ravin du "Passer", à l’est au pied des murailles. Bien longtemps
avant, deux tribus se partageaient le voisinage: les Tectosages et les
Albienses. Mézens resta dans cette famille jusqu’au début du XVIIe siècle
mais dû affronter les aléas de l’histoire locale: durant la guerre de Cent
Ans, en 1418, trois places seulement de la sénéchaussée de Toulouse dont
Mézens étaient restées fidèles au roi de France. En ce XVe siècle, un
seigneur de Mézens avait embrassé le parti d’Armagnac mais, lorsque le
connétable Bernard VII fut assassiné, la disgrâce atteignit ses fidèles. Au
XVIe siècle, les Rabastens sont qualifiés de vicomtes de Paulin, car Pilfort
avait épousé en 1327 la fille héritière de Sicard III de Paulin. Les guerres
de Religion amenèrent elles aussi à Mézens leurs lots de misères. Philippe
de Rabastens et son fils Bertrand embrassèrent la religion reformée et en
furent d’ardents défenseurs, comme leurs ancêtres avaient réagi à l’époque
du catharisme. En dehors de ces aléas de l’histoire, par deux fois, de plus
triviales raisons financières forcèrent les Rabastens à se séparer du
château, en conservant un droit de rachat. D’ailleurs, l’acheteur à titre
précaire fut un temps le riche pastelier toulousain Jean de Bernuy, qui
avait largement contribué après la défaite de Pavie à payer la caution du
roi François 1er.
Au début du XVIIe siècle, les mâles de la famille de Rabastens s'étant
éteints avec l’assassinat de l’époux de Madeleine de Vignoles, c’est par
alliance que Mézens entra dans la maison de La Valette. La chose se fit par
le biais de François de La Valette, dont le célèbre grand oncle Jean de La
Valette, grand maître de l’ordre de Malte qui s'était couvert de gloire en
défendant l’île de Malte contre la flotte de Soliman. D'ailleurs, les
enfants de François de La Valette eurent pour précepteur dans le village
voisin de Buzet un autre grand homme: saint Vincent de Paul. En 1619, le
château et la seigneurie furent acquis par Jean de Gineste, "juge mage" de
Toulouse. En grande partie incendié durant les guerres de Religion, le
château était dans un état déplorable et Gineste reconstruisit les murs de
la cour intérieure, refit les vastes toitures et créa des ouvertures dans
les murailles extérieures. Au XVIIIe siècle, la seigneurie de Mézens passa
par alliance à une dame de Castelnau, puis à la famille Majoret d’Espanès
dont trois générations vécurent à Mézens, jusqu’au chanoine d’Espanés,
vicaire général de Montauban au moment de la Révolution. Dès le XVIIe
siècle, les Majoret avaient possédé un tiers de la baronnie, sans alors y
résider. En 1761, Jean-Francois de Majoret d’Espanés, ne semblant
apparemment pas sentir venir la Révolution, voulut de nouvelles
reconnaissances, ce à quoi les habitants répondirent qu’ils entendaient être
régis par la charte de 1286, opportunément égarée depuis longtemps. À la
Révolution, le vicaire d’Espanés ayant émigré, Mézens fut mis sous séquestre
sans pour autant être vendu comme bien national.
Des inventaires de cette époque nous prouvent qu’alors, le château de Mézens
était magnifiquement meublé et riche notamment de quantité de belles
tapisseries. En 1808, les nièces de ce dernier, sœurs du conseiller au
parlement de Toulouse de Cazes exécuté sous la Terreur, vendirent le domaine
aux Solages, descendants par les femmes des Rabastens. Construction massive
comprenant deux cours, le château se présente sous la forme d’un rectangle
de cinquante sept mètres sur trente neuf mètres à l’est et trente six mètres
à l’ouest. Les murs extérieurs présentent une épaisseur variant entre deux
mètres cinquante et trois mètres et des fossés aujourd’hui comblés
entouraient autrefois l’ensemble. Pour parachever ce système défensif, un
mur d’enceinte crénelé, qui fut démoli en 1812, protégeait l’ouest et le
sud, tandis que le flanc est était gardé par le ravin et qu’un pont-levis
supprimé en 1747 donnait accès à la façade ouest. Le côté nord, quant à lui,
était adossé à la partie fortifiée du village qu’en 1287 la charte
d’affranchissement des habitants nommait "le fort". Il conserve quatre tours
d’angle carrées ainsi qu’une tour au milieu de la face sud et un donjon
crénelé garni de mâchicoulis au centre de la face Est. Aux murs nord et sud,
les créneaux ont été supprimés. Le château a été très restauré. Bien que ce
superbe château médiéval ait été au cours des temps remanié et modernisé, il
consreve de manière frappante l'empreinte du temps passé. (1)
Éléments protégés MH : les façades et les toitures du château, le petit
cabinet aux peintures murales et l'ancienne orangerie: inscription par
arrêté du 10 août 2005.
château de Mézens 81800 Mézens, propriété privée, ne se visite pas,
excepté aux journées du patrimoine
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